Poetic-Verses from ATHANASE

Ad Limina Apostolorum  (French)

Ad Limina Apostolorum*

1.

Que mon cœur franc, ingénu, rustique, que mon corps,
Citadelle bâtie sur le roc, tant fois perdue et reprise, se rendent,
En ce jour souverain, admirable présent du ciel,
Ad limina  Apostolorum !
Que, tremblant de pure piété, telle une lampe
Sous les fervents baisers de la brise, mon âme s'arrête
Au seuil absolu, à l'entrée définitive
De notre vénérable foi !
 
Que mon esprit, à l'unisson de la respiration des jardins,
Couvre de jeunes primevères, de fleurs d'endymions bleues
Et de violettes des bois fraîchement cueillies
Le limen mystique de la suprême connaissance,
La ligne de l'horizon iconique!
 
Qui suis-je ? Source furtive ou parole immobile,
Un doux secret qui dort dans les feuilles des merisiers?
Le sais-je moi-même ? Tant de voix, tant de marées,
Tant de regards et de souffles respirent
Dans les paumes de mes mains !
 
2.
 
Hé ! Qui le sait à cette heure où les arbres se figent,
Qui le saura demain à l'aube ? Ah, charnelle certitude,
Savoir arraché aux entrailles, pourquoi ce silence ?
Qui suis-je ? Est-ce ce moi ou ce que je vénère
Comme étant mon moi,
Un infime marguillier de mon sort,
Un adolescent juveigneur de mouvances
Où croissent, avec une précautionneuse timidité,
Les buissons ardents de mille songes,

Rêves, figures verbales et visions !
Oui ! Que j'avance jusqu'au seuil
(Ô marbre, temple de toute mémoire,
Livre arraché au cœur de la Terre
Où dort, couronné de pervenches,
Le temps des blessures amoureuses !),
Corps debout dans le soleil
Et ce besoin furieux de mots sonores dans le sang !
 
Que je témoigne de mon Dieu !
Aurais-je honte de mon ardeur juvénile?
Que je dise, tendre comme la respiration des herbes
Qui poussent le long des chemins oubliés,
Mon errante reconnaissance,
Ma ruisselante gratitude,
Moi, pèlerin de toutes les terres intérieures,
Oiseleur égaré dans l'azur,
Berger déférent des sources chantantes du désert !

Tu me demandes, vent du matin, à quoi j'aspire ?
A quoi, vent de l'aube, rêve le pommier orné de fleurs ?
(Ô cette invitation à l'itinérance,
Ces visages éparpillés dans la poussière libre des routes !)
 
Vivre, vivre encore, respirer,
Être l'emblème, la preuve, la marque, le sceau
D'un ciel solennel sans tâche ni déchirure,
Devenir un éclair haletant dans la fugacité de la haute lumière,
Quand, soucieux de la marche des horloges,
L'Ange du Destin,
Se repose sous les racines trilitères
Des cantiques d'Orient !
 
Evoquer les Justes de toutes les Nations de la Terre,
Les Craignants-Dieu !
Sauvegarder immaculée la loi de l'amour,
Sauver les étoiles finissantes,
 
3.
 
Pour être l'invité d'honneur
Au dévoilement du cœur touché par la grâce !
Ainsi dans la Nuit de l'Ascension Nocturne,
Montant du premier au septième ciel,
L'âme de l'Envoyé de Dieu,
Se dévêtit de ses sept enveloppes spirituelles !
 
Oui, c'est cela, mon Ami :
Veiller sur la graine nuptiale,
Tomber à genoux dans l'herbe drue,
Qui attend la rosée de tes sanglots,
Certes, tomber sans hésiter,
L'âme inclinée sur la page la plus blanche
De l'humilité !

Qui pourrait, sans brûler du feu divin,
Eveiller l'esprit des choses oubliées et
Anciennement endormies !
Sentir, embrasser, rendre vivantes
Les saisons de la Grande Année,
Ressusciter l'heure docile et la seconde extensible,
Matière vivante, vase intarissable de notre
Immortalité fluviale !
 
Fermer les yeux, voguer avec les navires,
Flotter sur les eaux des prières
Tissées de mort et de gloire,
De sel et de larmes incorruptibles,
D'algues, de rayons et d'embruns,
Théologie douce et amère, simple et véridique
Comme les pâquerettes des prairies,
Transparence à la fois divine et humaine !
(Ah, cette liberté, nœud et racine de la personne humaine,
Elle, l'invincible preuve de la divinité de l'homme !
Unité, dualité du mystère théandrique !)
Pour cela,
Fuir la nuit
Pleine de prévarication et d'égarement,
En tenant dans sa main illuminée
L'abacus du grand Maître,
Une branche de cyprès
Et l'étoile polaire !
 
Oui, c'est cela, mon Ami :
Alors que les champs se couvrent de lis
 
4.
 
Et les glycines de grappes de soleil,
Venir déposer les ultimes fruits
De mon Verbe diurne, de mon sang auroral
Ad divina limina Apostolorum !
 
Oui, c'est exactement cela, mon Ami,
Car toute la clarté,
Tout, tout est dans ces paroles de Jésus
A la Samaritaine du puits :

« Crois-moi, femme, l'heure vient où
ce n'est ni sur le mont Garizim
ni à Jérusalem que vous adorerez le Père(...)
L'heure vient, – et maintenant elle est là –
où les vrais adorateurs adoreront le Père
en esprit et en vérité ».
 
Oui, certes, mon Ami,
C'est là la vie qui ne meurt point, qui demeure
A jamais dans la lumière de la prunelle
Qui aime donc et qui sait !            


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