Poetic-Verses from ATHANASE

L'ATELIER (French)


A Frans Floris

« Les formes ne sont dites belles que par l'effet de leurs aspects particuliers, et par celui de leur association réciproque… Et c'est en effet à partir de l'association réciproque d'une pluralité d'aspects des formes visibles, et non point seulement à partir des aspects visibles (en particulier), que se produit la beauté de la vision. »

          Vitellion,
          Vitellionis perspectivae libri X


Resplendissement des formes ! Frisson herméneutique,
Génie supérieur, ordonnateur de grâce
Faisant de tant d'objets un dialogue fugace,
Un conte halluciné, un livre féerique.

Comme tout est signe éclos! Le beau, sa transcendance,
La connaissance qui dit à l'âme sa vénusté,
La fascinante étreinte de deux éternités
Tissées de lumière, de jeu d'éclaires, d'aisance.

Seigneur, comme elle est belle, cette fille contre le mur,
Flottant telle une aurore dans le ciel enflé
De son manteau léger comme une suprême épure !

Et cette tenture profonde, ces ombres apaisées !...
Ô femme !... Es-tu un rêve, une Muse ornée de fleurs,
Un songe inavoué, un tremblement du cœur ?


Paris, ce mercredi 22 mars, Anno Domini MMVI

Glose :

L'atelier : tableau peint vers 1666. Huile sur toile, 120 x 100 cm, Vienne, Kunsthistorisches Museum, signé « I Ver. Meer ».

Frans Ier Floris de Virendt (Anvers 1519/1520 – 1570) : peintre de compositions religieuses, mythologiques et allégoriques. La famille Vriendt, originaire de Bruxelles, comptait plusieurs générations de tailleurs de pierres. Ses membres doivent leur patronyme Floris à Jan Floriszoon de Vriendt, qui était venu s'installer à Anvers vers 1450. Cornelis Ier Floris, son fils ou son petit-fils, père de Frans, était tailleur de pierres tombales. Son père mort, Frans fut envoyé en apprentissage auprès de Lambert Lombard, peintre et archéologue liégeois. Après deux ans d'étude chez ce maître, il obtint la maîtrise à la Guilde de Saint-Luc d'Anvers. Floris passa plusieurs années en Italie où il put admirer les grands peintres de ce pays. Il rentra à Anvers en 1457 et épousa cette même année la fille d'un célèbre joaillier, Clara Boudewijns. Il ouvrit un grand atelier de peinture dans sa ville natale où plus de cent vingt élèves auraient reçu, aux dires de Van Mander, une formation solide. Van Mander cite le nom de trente d'entre eux. Une crise profonde dans la vie artistique anversoise ruina le peintre qui, désespéré, sombra dans l'alcoolisme. Je ne citerai que quelques remarquables œuvres de Floris : Naissance ; Allégorie trinitaire ; La Sainte Famille ; Allégorie de la Charité ;  Le Fauconnier ; Portrait de dame âgée ou La Femme du fauconnier ; Portrait de femme, etc.

Vitello (Vitellio, Vitellion) ou Erasmus Ciolek Witelon ou encore Vitello Thuringopolonis (village de Borek, Pologne vers 1230 – mort entre 1280 et 1314) : moine, théologien et mathématicien. La mère de Vitello appartenait à une famille de chevaliers polonais, son père était un colon de Thuringe.  Il se désignait lui-même en latin comme « Thuringorum et Polonorum filius ». Vitello étudia à l'université de Padoue autour de 1260. En 1275, il se rendit à Viterbe. Il devint ami avec le célèbre humaniste Guillaume de Moerbeke, le traducteur d'Arioste. Vitello est l'auteur d'un traité d'optique qui se trouve être l'un des premiers écrits sur la perspective que l'on connaisse : Vitellionis perspectivae libri X. Deux autres ouvrages de lui survécurent aux outrages du temps : De Natura Daemonum et De Primaria Causa Paenitentiae.

Perspectiva était en grande partie basé sur les travaux du savant arabe Alhazen (Ibn al-Hassan ibn al-Haytham : 965 – 1030). Ce livre exerça une influence énorme sur tous les savants européens postérieurs et en particulier sur Johannes Kepler. Vitello laissa des pages passionnantes sur la psychologie qui rappellent par certains côtés les idées de Freud sur le subconscient.  Avait-il, ce dernier, connaissance des œuvres de Vitello ? Probablement oui. Les vues de ce moine passionné sur la lumière comme première entité sensible étaient semblables à celles du philosophe anglais Roger Bacon (1214-1294).


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