Poetic-Verses from ATHANASE
Rencontre (French)
« Libres de toute mode,
étrangers à toute image :
telle vie mènent ici bas
les pauvres d'esprit »
Hadewijch d'Anvers (XIIIe siècle),
Dieu, simplicité déserte et sauvage
Ce soir-là, marchant vers la maison paternelle,
Sous les dernières vagues de l'ardent crépuscule
De cet été de feu, je t'ai rencontré, ô mon Ami aimé,
Toi, toujours merveilleusement beau, toujours doux
Aimable, courtois, souriant et exquis !
Tu revenais enfin de l'étranger, après tant d'années,
Ô cher, ô mélodieux enfant du pays.
Suffoquant, je t'ai pris dans mes bras, et me suis mis
A pleurer à chaudes larmes ! Ô, mon Ami,
Tes yeux étaient restés aussi clairs comme au temps
De notre heureuse jeunesse ! Pour toi, le temps
Semblait avoir été suspendu, temps qui ne finit pas !
Pauvre, me disais-tu, tu es revenu pauvre !
Mais ton âme rayonne toujours comme au premier jour
De notre rencontre ! La poésie comme les abeilles d'Aristée,
Avaient ressuscité à tout instant ton existence et son envers !
Les mots avaient été l'exacte, la pure mesure de ton cœur
Et avaient fait de toi ce livre qui était parfaitement vrai
Comme la chaleur, comme le chemin de notre village,
Comme la vie ! Comme tu as su garder
La témérité et la candeur e l'enfance !
Je le voyais à tes yeux pleins d'aube,
Mon Ami, tu n'avais pas oublié les vertus,
Tu avais continué à croire en l'esprit,
En l'âme, en une réalité invisible et précieuse !
A quoi bon une vie si elle ne mène pas à Dieu ?
La foi, c'est le cadeau que le destin fait à celui
Qui est essentiel en l'être !
Ah, mon Ami, tu avais évité les perfides
Déchirures de notre farouche pays,
Les sombres querelles des rapaces,
Les vols, les déprédations, les assassinats,
Les années où tout était office des ténèbres,
Tout était plaies, cicatrices et blessure !
« Viens – t'ai-je dis ce soir, - viens, Ami,
Chez moi, honore mon seuil,
Parle-moi, ô mon Aimé, comme jadis,
Sous le saule pleureur, des poètes grecs, des Muses,
Des dieux, des héros immortels !
Remplis mon cœur dévasté de ta voix
Où vibre encore le sacré !
Et si ma face ravagée,
Les rides qui ont enlaidi mes traits,
Mon corps usé, ma femme fanée
Et mes rudes enfants t'indisposent,
Regarde du côté du jardin
Où nous passâmes des secondes
Inoubliables ! Là où les oiseaux connaissent l'invisible
Et se laissent librement connaître par lui !
Alors, brusquement, tu avais tourné ta face lumineuse
Vers moi, et faisant tombé un soupir navrant tu avais dis :
« Ami, es-tu le seul encore à croire en moi et à m'aimer ?
Ne sais-tu point que je n'existe plus ?
Pour que ma parole vive
J'ai dû m'effacer derrière chaque son qui la compose
Et mourir dans chaque mot !
Aussi ma poésie est-elle devenue
Comme un bijou à la sombre beauté
Qu'on tourne et retourne
Dans un rai de lumière intérieure ! »
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