Poetic-Verses from ATHANASE

LA DENTELLIERE DE VERMEER (French)


A Cesar Boëtius van Everdingen

« … pictoribus atque poetis
Quodlibet audendi semper fuit equa potestas. »

(« … peintre et poètes
         Ont en partage une égale audace de création. »)

          Horace,
          Ars poetica

Non ! Je ne veux pas, âme, chanter comme les vates
La vaste cosmogonie qu'exalte le Stagirite,
Ni comme Pindare louer les somptueux mérites
Des valeureux stratèges, chorèges du dieu Arès.

Je veux, ce soir, mon âme, pleurer comme un enfant
Qui se réveille soudain au cœur de la nuit,
Devant cette humble femme penchée sur sa broderie,
Comme les épis de blé sous les baisers du vent !

Je veux aimer d'amour la douce dentellière,
La lumière qui tombe sur son corsage doré,
Baiser ses doigts qui donnent une âme à la beauté,

Ses mains mélodieuses comme une antique prière !
Chérir cet art intime, ce cœur où s'accomplit
La modestie divine d'une haute théologie !


Glose :

Cesar Boëtius van Everdingen (Alkmaar 1617- ib. 1678) : peintre baroque hollandais. Il appartenait à une grande famille d'artistes qui comptait dans ses rangs un autre éminent peintre, dessinateur et graveur,  Allart van Everdingen (1621-1675), frère cadet de Cesar. Ce dernier étudia à Utrecht en même temps que le peintre Jan van Bronchhort. Il travailla ensuite à La Haye, à Haarlem et à Amsterdam. Bien qu'il ait passé la plupart de son temps à Alkmaar où il fut membre de la Guilde Saint-Luc, les experts associent son œuvre à la peinture de l'école de Haarlem. Celle-ci était spécialisée dans le portrait, la représentation de scènes mythologiques et historiques ainsi que de scènes de genre. Il est l'auteur du célèbre petit Amour que l'on voit dans certains tableaux de Vermeer portant un arc dans sa main gauche et une carte dans sa main droite, œuvre inspirée d'un emblème d'Otto van Veen, Amorum emblemata, publiée à Anvers en 1608 et dont la devise était « L'amour exige la sincérité ». Parmi les grands tableaux du peintre il faut citer : L'Allégorie de l'Hiver ; Bacchus en compagnie de Cupidon et de deux nymphes ; Vertumne et Pomone, etc.

Horace (Quintus Horatius Flaccus - Venouse 65 – ib. 8  av. J.-C.) : poète latin. Fils d'un affranchi aisé, Horace fut instruit par les meilleurs maîtres à Venouse, à Rome, puis à  Athènes. Il se lia très tôt d'amitié avec Virgile, qui le présenta à Mécène, confident d'Octave, protecteur des arts et des lettres, poète à ses heures. Mécène le prit sous sa protection, l'introduisit dans les cercles politiques et littéraires, et lui offrit une propriété près de Tibur (aujourd'hui Tivoli) pour lui permettre de se ressourcer loin de l'agitation de la capitale. En 17 av. J.-C., sa réputation littéraire fut si bien établie que ce fut à lui que revint l'honneur de composer le « Chant Séculaire » (Carmen Saeculare) qu'interprétèrent solennellement, à l'occasion des Jeux Séculaires, des chœurs mixtes d'enfants choisis parmi l'élite de la noblesse romaine. Horace est l'auteur de plusieurs ouvrages : Satires ; Epîtres ; Art poétique ; Odes.

Vates, vatis (n.m. et f.) : mot latin signifiant « poète inspiré des dieux», « devin », « prophète », « oracle », « maître dans un art ».

Aristote le Stagirite (Stagire /auj. Stavro/, Macédoine 384 – Chalcis, Eubée 322) : philosophe grec. Naturaliste, Aristote écrivit de nombreux traités scientifiques. Certaines de ses observations, notamment en biologie, furent d'une réelle justesse. Orphelin à l'âge de 10 ou 12 ans, Aristote n'abandonna point ses études. Il continua à s'intéresser à de nombreuses disciplines. Son immense soif de connaissances l'obligea à partir pour Athènes, où enseignaient les plus illustres savants et philosophes de l'époque. Aristote trouva à l'Académie de Platon une source intarissable de connaissances en sciences naturelles, en mathématiques, en histoire, en éthique, etc. Il se distingua particulièrement en logique et surpassa rapidement son maître dans cette discipline. Platon en vint même à lui donner la charge de l'enseignement de la rhétorique, un cours de culture générale et de composition littéraire nécessaire aux jeunes élèves de l'Académie pour pouvoir suivre les cours magistraux. Parmi ses étudiants, Aristote compta le jeune Théophraste qui devint plus tard le premier botaniste de l'Antiquité. A cette époque, Aristote entama la rédaction de nombreux écrits comme les dialogues Sur la justice, Sur l'Education, Sur l'amitié. Il entreprit également d'importants travaux scientifiques. En 343 av. J.-C., Philippe de Macédoine le choisit comme précepteur de son fils, le futur Alexandre le Grand. Aristote est l'auteur d'un grand nombre d'ouvrages : Physique ; Du ciel ; De la génération et de la corruption ; Histoire des animaux ; Les Parties des animaux ; De la génération des animaux ; De l'âme ; Ethique à Nicomaque ; Ethique à Eudème ; Politiques ; Constitution d'Athènes ; La Poétique ; La Rhétorique.

Pindare (Cynocéphales, près de Thèbes 518 av. J.-C. – Argos vers 438) : poète lyrique grec. Issu d'une grande famille de descendance dorienne, il étudia l'art lyrique auprès de la poétesse Corinne, puis à Athènes. Son attitude pendant l'occupation perse lui vallut des critiques de la part des poètes Simonide et Bacchylide, mais, après la défaite perse, l'ardeur de ses dithyrambes patriotiques dépassa celle de ses rivaux. C'est entre les années 480 et 460 que se développa sa carrière : en 476, Hiéron de Syracuse s'adressa à lui pour célébrer la victoire qu'il venait de remporter à Olympie ; le poète glorifia les grandes victoires des tyrans de Sicile aux différents Jeux panhelléniques. La vieillesse de Pindare fut attristée par la défaite de sa ville soumise à la domination athénienne à partir de 457.  Il nous reste intacts ses quatre livres d'Epinicies (ode triomphales) dédiées aux vainqueurs des jeux et intitulées Olympiques, Pythiques, Néméennes et Isthmiques.  


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