Poetic-Verses from ATHANASE

CHANSON DES GENS QUI ERRENT (French)



          A Amédée

Qui peut nous dire où nous allons,
Gens sans cahute, gens sans layon,
Haillons au corps,  vent de graillon,
Qui peut nous dire où nous allons ?

Mère des hommes, Mère de Dieu,
Aie pitié de nous, les gueux !
Ouvre tes bras à ceux qui pleurent,
Mère des cieux, des anges et des fleurs !

Pauvres maillés dessous le chaume,
Nous nous couchons à même la terre,
Nos âmes aux crochets des hardières
Pauvres maillés dessous les chaume !

Mère des hommes, Mère de Dieu,
Aie pitié de nous, les gueux !
Ouvre tes bras à ceux qui pleurent,
Mère des cieux, des anges et des fleurs !

Cervat tremblant par temps de pluie,
Autour au ciel, va d'effroi,
Hère élavé, porteur de croix,
Cervat tremblant par temps de pluie !

Mère des hommes, Mère de Dieu,
Aie pitié de nous, les gueux !
Ouvre tes bras à ceux qui pleurent,
Mère des cieux, des anges et des fleurs !

Ainsi nous errons, mince gibelet,
La lune pour cierge et l'herbe pour soeur,
Une tourterelle au fond de nos cœurs,
Ainsi nous errons, mince gibelet.

 Mère des hommes, Mère de Dieu,
Aie pitié de nous, les gueux !
Ouvre tes bras à ceux qui pleurent
Mère des cieux, des anges et des fleurs !

Dieu seul chérit la gente qui erre :
Sang de bleuets, chair de lilas,
Lèvres de lys, âme de soie,
Dieu seul chérit la gente qui erre.

Mère des hommes, Mère de Dieu,
Aie pitié de nous, les gueux !
Ouvre tes bras à ceux qui pleurent
Mère des cieux, des anges et des fleurs !

Priez pour nous, Mère des plaies,
Mère au cœur doux, plein de sagaies,
Mère d'azur, Mère de merci,
Mère divine de Jésus-Christ !
 !

          Athanase Vantchev de Thracy

Glose :

Amédée : du latin amadeus, “aimé de Dieu”. Variante : Amadeo (Italie), Amadeus, Amadis (Allemagne). Les saints patrons des Amédée est un moine cistercien du XIIe siècle qui fut abbé de Hautecombe en Savoie, puis évêque de Genève, et un duc de Savoie, passionné de justice, époux de Yolande de Valois, fille du roi de France Charles VII. Fêtes : le 7 août et le 30 août.

Cahute (n.f.) : du néerlandais kajuit. Mauvaise hutte ; petit réduit : cagna, hutte. On écrirait mieux cahutte.

Layon (n.m.) : de laie, lui-même de layer, probablement du francique °lakan, « munir d'une marque indiquant une limite ». Sentier tracer en forêt  pour faciliter la marche, ou pour établir des divisions, des coupes.

Vent (n.m.) : du latin ventus. Dans le cas présent : mauvaise odeur, flatuosité, pet, gaz intestinaux.

Maillé (n.m.) : de mailles, du latin macula, « tache ». Perdreau portant ses mailles. Mailles (n.f. pl.) : terme cynégétique, du grec kunêgetikos, du verbe kunêgetein, « chasser avec une meute de chiens ». Mouchetures qui apparaissent sur les plumages des perdreaux. On dit aussi maillure. Moucheture aux ailes des oiseaux de vol (rapaces spécialement affaités /dressés/ pour la chasse au vol).

Chaume (n.m.) : du latin calamus, « tige de roseau ». Tige des céréales : paille. Partie de la tige qui reste sur pied après la moisson : éteule. Couper le chaume, les chaumes : chaumer. Enterrer le chaume : déchaumer.

Hardière (n.f.) : de harde, du germanique hard, « filasse », lien utilisé pour tenir les chiens couplés (chiens retenus ensemble par un couple, mot qui signifie « lien de corde, de cuir ou de métal servant à attacher deux chiens ensemble »). Corde pour suspendre le gibier à une hampe (du latin hasta, « lance, pique, javelot ») et le rapporter.  
 
Cervat (n.m.) : de cerf, du latin cervus. Ancien nom du faon (de l'ancien provençal feda, « brebis » : petit de la biche, de la daine (femelle du daim, du latin dama, « daim ») ou de la chevrette (femelle du chevreuil, du latin capreolus). On rencontre également les formes cervelet et cervot.

Autour (n.m.) : du latin accipiter. Rapace (Accipiter gentilis), utilisé en bas vol pour chasser lapins et lièvres.

Va d'effroi : de effroi, jadis esfroier, du préfixe ès, et du latin frigidus, « froid ». L'animal mis sur pied par surprise et qui s'enfuit.

Elavé, élavée (adj.) : du préfixe ès, et lavare, « laver, nettoyer ». Etat du poil d'un animal sale et malade.

Gibelet (n.m.) : de giboyer, du bas latin gibicere, du radical gib que l'on retrouve dans gibe, « bâton ferré, proprement « chasser avec un bâton ferré ». Menu gibier. Giboyer (verbe) : expression familière pour chasser : gibecier, gibesser (verbes).

Sagaies (n.f.) : de l'arabe az-zaghâya, d'origine berbère. Lance, javelot des tribus primitives.

Merci (n.f. et m.) : du latin merces, mercedis, « prix, salaire » et, en latin tardif, « faveur, grâce ». Grâce, pitié : Avoir merci (pitié) de quelqu'un.


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