Poetic-Verses from ATHANASE

ARDEURS GRECQUES (French)


« Et de ses sortilèges aux formes multiples il me jette
Dans les filets sans fonds de la déesse de Chypre ».

Ibycos de Rhégion

Quand de tes yeux plus bleus que le ciel limpide
Tu fais couler vers moi ton doux regard d'amant,
Ô beau Cybès, je fonds et tremble comme un faon
Qui court, épouvanté, devant la flèche rapide.

Ô songe tourbillonnant, je crains et je désire
Le dense ruissellement de tes baisers torrides,
Le feu de tes étreintes, ton corps encore viride,
Tes lèvres frémissantes, les philtres de ton rire.

Laisse ma folie voguer dans son immense délire,
Comme un navire brisé par la fureur des vagues,
Ravage mon corps en flammes, mes membres qui divaguent
 
Toi, ô mage orphique de nos cinglants plaisirs !
Ô Muses, la lyre divine, n'a plus ma seule faveur,
Car, doublement uni au jeune Eros, je meurs !

Athanase Vantchev de Thracy

Fleurigny, ce samedi 26 août, Anno Domini MMVI  

Glose :

Ibycos de Rhégion : ce grand poète lyrique grec de Rhégion (Italie méridionale) vécut aux environs de 525 av. J.-C. Il a chanté en Italie du Sud, en Sicile et à la cour du tyran Polycratès qui régna à Samos entre 540 et 520 av. J.-C. D'après Plutarque (De garrulitate /du bavardage/, 14), Ibycos fut tué par des voleurs sur la route de l'Isthme, près de Corinthe. Un peu avant sa mort, il vit des grues qui volaient et il leur demanda de témoigner de son assassinat. Durant les Jeux Isthmiques, les meurtriers d'Ibycos, assis au théâtre, virent passer un vol de grues. Ils se mirent alors à rire, en se chuchotant : « Voilà les vengeurs d'Ibycos ». Leurs voisins les entendirent et, comme on recherchait depuis longtemps l'illustre poète qui avait disparu, ils rapportèrent ces propos aux magistrats. Les coupables furent convaincus et conduits en prison.

Cette histoire a été immortalisée par une célèbre ballade de Schiller qui se réfère au passage de Plutarque.
 
Ibycos avait composé sept livres en dialecte dorien. Cicéron mentionne le nom du poète dans ses Tusculanes, IV : « Maxume vero omnium flagrasse amore [iuvenum] Reginum Ibycum apparet ex scriptis. Atque horum omnium (sc. Alcaei et Anacreontis et Ibyci) lubidinosos esse amores videmus » (« Mais celui qui a le plus brûlé d'amour [pour les jeunes gens], c'est Ibycus de Rhegium, comme on le voit dans ses écrits. Et nous voyons que leurs amours à tous (celles d'Alcée, d'Anacréon et d'Ibycos) étaient passionnées à l'excès »).

Plutarque (Numa, 25) rapporte qu'Ibycos qualifiait les filles de Sparte de montre-cuisses.

Voici quelques vers isolés d'Ibycos :

1.
 
« Amour encore me regardant de ses yeux bleus,
Paupières à demi closes, je me sens fondre
Et de ses sortilèges aux formes multiples il me jette
Dans les filets sans fonds de la déesse de Chypre.
Que je crains son retour,
Comme un cheval pur sang attelé sous le joug alors qu'il vieillit
S'en va de mauvais gré avec son char léger disputer une course ».

2.

Elle avait défait ses vêtements multicolores
Ses voiles et ses agrafes.

3.

Les myrtes, les violettes, l'immortelle,
Les fleurs de pommier, les roses et le doux laurier.

4.

C'est en offensant les dieux, je le crains,
Que j'obtiens les récompenses des hommes.

Viride (adj). : du latin viridis, « vert ». Le viride est une couleur qui tire sur le vert, assez sombre. Jeune, vigoureux.


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