Poetic-Verses from ATHANASE

LES QALANDARS (French)

LES QALANDARS

« Quluub al-`ârifîn lahâ `uyuun
Tarâ mâ lâ yarâhu al-nâziruun »

(« Les cœurs de Ceux qui savent ont des yeux
Qui voient ce que les spectateurs ne peuvent pas voir”)

          Sahl al-Tasturi

« Omen nominis »

(« Le nom est présage)

          Cicéron

1.

Samâ', samâ', samâ !
Ô vent, souffle à l'ouïe blanche
La prière sans paroles !
Que le cœur extasié,
Que l'âme ravie à sa suave turpitude
S'unissent au cœur rayonnant de l'Aimé !

Ô fou de Dieu, bois, enivre-toi
Du vin du désir, de la liqueur ardente de l'Amour!
Que tes errances soient le refuge du délire,
Qu'elles changent les routes des déserts
En roseraie du mystère !

Chante, danse, cours,
Ceins tes reins de l'écharpe irisée des vents,
Foule, presse, accable la poussière d'or des crépuscules,
Piétine le sable flâneur, conteur de légendes,
Retiens, serre fermement dans ta main étiolée
L'aube adornée de lis clairs,
L'épi généreux du blé mûr,
L'Oiseau chanteur de l'âme !

« Dieu est beau et Il aime la beauté ! »
          (Le Coran)
2.

Esprit, souffle divin, ami vagabond,
Embrasse l'air joyeux de l'été,
Vénère la douce coccinelle
Qui tremble au bout de la feuille,
Honore d'un regard doux
Le tendre brin d'herbe
Qui tend vers toi son sourire délicieux !

Seigneur, serre-moi contre Ton cœur
Pour que je devienne l'amant de chaque atome !

3.

Accroche-toi, bouche fragile,
Bouche magnanime,
A la robe d'immortalité des Anges,
Eux, amis des neuf sphères, qui parcourent,
D'un vol élancé, d'un élan lumineux
La beauté de l'univers infini,
Eux, amis prééternels de la Vie,
Qui répandent profusément sur les vergers
Lourds de fruits
Leur sainteté pleine et incorruptible !

Flûtes, harpes, tambourins, chanteurs exaltés,
Monde, écho impérissable
De l'incessante mélodie du Ciel !

4.

Toi, fou d'Amour, toi, ami de l'aurore
Qui adores la simplicité de la perfection,
La ténuité colombine de la joie,
La corde transparente de la miséricorde !

Ô souffle sacré de l'humilité,
Stupeur devant le non-être de l'être,
Souffrance joyeuse et joie souffrante
De qui trempe ses lèvres
Dans la lie du savoir suprême !

« Lorsque j'ai ouvert les yeux,
J'ai vu la lumière de Ton visage,
Lorsque mon oreille s'est ouverte,
J'ai ouï le son de Ta voix ! »
          (‘Erâqi)

5.

Tendrement duveteuse est cette nuit de mai,
Tendrement pur est l'œil qui admire !

Tendresse dans chaque calice endormi,
Tendresse dans chaque tige levée vers l'Etoile,
Tendresse dans chaque feuille qui murmure,
Tendresse dans chaque racine
Qui caresse le cœur de la Terre!

Ô pur débordement de la tendresse illimitée !

Ô luth sonore de l'air amoureux,
Chant, vin, poésie, danse,
Félicité du silence qui écoute,
Et toi, indicible, intangible
Contemplation des beaux visages
Dans l'amoureuse lueur
De la bougie !

Ô source blanche de Kowthar !

Et moi qui ne suis plus moi !
Ô Seigneur, que fais-je encore
En ma douloureuse compagnie ?

6.

Puis vient l'abandon,
La séparation poignante, innommable,
La noirceur de l'oubli,
La cruelle opacité du Ciel,
L'amertume des ténèbres !

Puis, le cœur dévasté, douleur dans la douleur,
Désespoir dans le désespoir,
Désolation, larmes, passion brisée,
Déchirement de l'âme dévouée !

La mauvaise fortune,
Le sort cruel des lèvres gercées
Par la divine solitude !

L'absence lancinante de l'Aimé,
La ronceraie des veillées arides,
Le lit desséché du fleuve de la dévotion !

Et cette aube qui tarde à venir,
Cette aube qui s'est oubliée
Au-delà de l'horizon !

7.

Par le Jour neuf et par les quatre Nuits immortelles,
Que le cœur reste debout,
Que l'âme se tienne attentive !

Ô Nuit de l'Ascension,
Nuit du Destin,
Nuit de la Rupture du Jeûne,
Palpitante Nuit de ‘Arafat !

8.

Mon Ange bienveillant,
Mon Ange au cœur paré de rose,
De giroflées et de fleurs de grenadier,
Envoie-moi, je t'en supplie, ô mon Ami,
Une pure abondance de pleurs simples,
De pleurs à l'odeur d'herbes sauvages,
Que leur douce lumière
Eclaire, ma route dans le froid!

Et Toi, mon Maître aimé,
Viens, approche, penche Ta tête vers ma tête,
Regarde-toi dans le miroir
De mes larmes,
Fixe, à jamais, Ton visage
Dans le sang de mon cœur !

Le Logos est musique
Et la musique Logos !
Sophia aeterna,
Sagesse christique des saints !

9.

Ô petit Mage gracieux,
Ô Echanson facétieux,
Elancé comme le buis,
Accorde-moi Ta faveur éphémère,
Laisse dans mes mots
Des traces élégantes
De ton parfum de violettes et de musc !

Sois, mon Enfant chrétien,
Ployé dans l'émoi et la folie d'amour,
Sois mon printemps vivifiant,
Le sentier fraîchement fleuri
Qui me mène, chaque jour et chaque nuit
A la source de la Vigne!

Ô poètes de l'Amour, voix dans la Voix :
Owhad al-dîn Marâghe'i,
Homâm al-dîn Tabrizi,
Rokn al-dîn Sâ'in Semnâni,
‘Obeyd Zakâni,
Ebn ‘Emâd Khorasâni,
,
Ebn Nasuh !

Voix délectables, voix ambrosiaques,
Voix sublimes ! Voix, voix, voix !

10.

En T'aimant, en T'aimant, mon Aimé,
Ma nuit devient clarté dans la clarté,
Mon corps diamant au cœur du diamant !

En T'aimant, ô mon Maître aérien,
Ma tristesse me réjouit
Comme l'été, à sa saison mûre,
Réjouit le craintif, le frêle oiseau
Endormi dans son nid de mousse verte!

Ne fais-je pas partie de Tes amoureux ?
L'eau s'inclut à l'eau
Et la lumière à la lumière !
Ô théophanies visibles et invisibles
De mon Dieu !

« J'ai vu mon Seigneur la nuit du Me'râj
sous la forme d'un jeune homme imberbe »
          (Coran)

11.

Ô éminente, ô excellente
Science de l'amour !
Heureuse et louable,
Vertueuse et salutaire
Simplicité des cœurs cristallins!

Et toi céleste humilité,
Gage suffisant, nantissement parfait,
Privilège précieux
Pour les lèvres
Qui savent encore aimer et prier !

Couvrez-moi de vos voiles irisés,
Charité surnaturelle,
Cordialité gracieuse,
Amabilité infuse,
Serviabilité rayonnante !

Chants,
Calmez la grande véhémence de mes plaies
Par vos larmes spirituelles,
Par vos invocations
Intérieures,
Par vos soupirs flamboyants !

12.

Aimez-moi comme je vous aime, brises heureuses,
Endormez-vous dans ma claire chevelure,
Apportez à ma joue la caresse
Des montagnes, l'azur des cimes,
L'abondance des vallées,
La fraîcheur des ruisseaux
Qui nourrissent de baisers les prairies!

Changez l'illisible grammaire de la mélancolie
En poèmes de pierres précieuses,
En gemmes de silences frémissants !

Murmures, gémissements,
Chuchotement liquide des champs sauvages !
Paroles des âmes saintes,
Pigments invisibles
Pour les tendres teintes
Des poèmes !

Gestes bons envers les routes, fleuves de ma vie
Qui coulent, calmes et voluptueux
Entre les moissons des étoiles !
Que chanter que je n'ai déjà chanté ?

13.

Ô noms aimés, noms jamais oubliés,
Que recouvre de sa douceur
Et protège de sa passion
Le duveteux lichen mortuaire,
Noms scellés
Dans le volumineux antiphonaire
De l'amour !

Vous vivez, noms,
Vous respirez dans mes nuits,
Vous veillez mes insomnies,
Vous, noms, blessures d'aube,
Chatoyant poids de la mer
Sur les rochers,
Vous, rivières de pivoines blanches,
Flots d'hirondelles
Qui unissent une rive
A une autre rive !
Petits perce-neige, crocus safran
Rivés à ma langue !

Vous, noms, trop présents
Pour être visibles !


14.

Errances, ô errances,
Notre ultime, notre pleine oraison,
Ivresse stellaire de nos langues,
Vie de nos vies à la saveur de cerise !

Sables mendiants de rosée,
Tempêtes glapissantes du désert,
Cicatrices saignantes des routes sans routes,
Oasis savoureuses où naissent
Les hymnes de l'esprit !
Combats taciturnes des palmiers
Avec l'Ange étoilé de la Nuit !

« J'ai médité, et j'ai parlé de Toi,
Non que je T'aie compris ;
Puis j'ai succombé, et je me suis tu à nouveau,
Non que je T'aie perdu.
Je me suis perdu en Toi, et je suis resté sans voix :
Gloire à Toi, Etre caché."
          (Saint Ephrem le Syrien)


15.

Paupières, paupières ouvertes sur l'Essence,
Coupes accueillantes des deux mondes
Et des sept cieux !

Coupes où mûrit le Vin de l'Amour,
Le breuvage scintillant de la joie !
Nectar qui imprègnes
Toute chose
De désir ardent d'adorer
Et d'ivresse clairvoyante !

Vision de la Beauté continue,
Violente,
Dominante !

Ô Soma, ô Haoma !

Je suis le buveur, le vin
Et l'Echanson !

Vin des mésanges,
Vin du matin
Qui coule dans les racines
Des cyprès !

Ô âme, que demeure en moi
Ce qui n'a jamais cessé d'être !



16.

Nous sommes les Chantres immortels de la Beauté,
Les Prophètes de toujours,
Moïse, Daniel et Jésus,
Mahomet et l'Ami de Dieu Uways al-Qârani,
Nous sommes la Vie
Qui donne à la vie
Son essor,
L'air que les amants expirent et inspirent,
Le Ciel, Maître Couturier, qui réunit
En rubans de lumière
L'étoile à l'étoile !

Nous, les Qalandars infatigables,
Nous les nomades nus de désir,
Nous, la pure, la claire, la suave saveur
De la sainteté pleine
Et toujours entière !

Ô Livres de l'Eternité,
Aubes, jasmins et jacinthes
Qui disent à mon âme
L'indicible !

Ô mahabba, mahabba, mahabba !


A Paris, ce mercredi 16 janvier, Anno Domini MMVIII

Glose :

Les Qalandars : ceux qui feignent la folie, les fous sages (‘uqalâ majânin), les fous enchaînés (divâne-ye zanjiri).Etymologie du mot qalandar : peut-être du mot persan kalandare, « bois non taillé » ou « ours mal léché ». Ce mot pourrait être traduit en français par le terme libertin. Dans l'islam du Moyen Âge, le qalandar est un homme qui cherche Dieu en pratiquant le qalandari, « le libertinage », un homme pris de vertige, d'effroi, de stupeur, d'étonnement. Le terme de libertin ne doit pas être pris dans son sens usuel de personne rejetant la morale et déréglée dans ses mœurs. Le qalandar rejette certains côtés extérieurs de la religion, mais ceci dans le but d'éradiquer toute superficialité, toute habitude, toute hypocrisie, toute tentation de vanité et toute fausse bonne conscience dans la relation avec Dieu. Par son attitude provocante, il devient un questionnement pour les autres et vise à les faire réagir, à leur faire prendre conscience de ce qui entache leur foi. Loin de lui de rejeter toute croyance comme une superstition et de prendre pour valeur ultime et unique la raison ! Le qalandar est un fou de Dieu qui fait prévaloir le cœur sur la raison. Les qalandars élevèrent en rang de valeurs la mendicité, l'errance, le célibat, la pauvreté.

Uways al-Qarâni (VIIe siècle) fut le premier fou de l'islam. Le Prophète et lui se connaissaient sans s'être jamais rencontrés. Al-Qarâni est le prototype du soufi qui ne se laisse guider que par la grâce divine sans médiation extérieure. Le mystique et théoricien ‘Eyn al-Qozât Hamadâni (XIe siècle) distingue trois sortes de fous : le fou par amour ; le fou sage ; le fou de Dieu.

Nishâburi a consacré son Qitâb al-‘uqalâ' al-majânun (Livre des fous sages) à la thématique de la folie. Il énumère 100 fous célèbres. Les plus connus d'entre eux sont : Sa'dun de Bosra, Buhlul, ‘Uliyan, Majnun. Nishâburi distingue les fous suivants : le fou dont l'intelligence est voilée par les djinns ; l'homme devenu fou par la perte d'un enfant ou d'un proche ; le fou par crainte du Jugement dernier ; le qalandar – l'homme qui feint d'être fou pour des raisons religieuses ; les fous sages (‘uqalâ' al-majânun).

Les qalandars apparaissent au XIe siècle en Iran. Ils adhèrent à la doctrine de la Malâmatiyya (IXe siècle), dont le fondateur est Hamdun al-Qassâr (m.884). Leur mouvement est appelé Qalandariyya. Précurseurs : Yahyâ ibn Ma'âdh al-Râzi (m.871) ; Abû Yazid al-Bastâmi (m.877) ; Sahl al-Tustâri (m.895). Les qalandars les plus connus : Jamâl al-dîn Sâveji (m. 1232) ; Qotb al-dîn Haydar (m. 1221), fondateur de la confrérie Haydariyya ; Yusuf al-Andalusi (XIIIe siècle) qui, chassé par les Bekhtashi et les Mewlevi fonde sa propre confrérie de qalandars ; Ahmad ibn ‘Ali al-Rifâ'i (m.1183), le fondateur de la Rifa'iyya ; Amir Hoseyni (m.1318) ; Shahbâz al-Qalandar (m.1324).

Les mouvements plus ou moins proches des qalandars : les Abdâls, les Jâmi, les Sams-e Tabrizi (dans les Balkans et en Asie Mineure) ; la confrérie Cishtiyya en Inde, les Madâri, Jalâli (Inde) influencèrent Amir Hoseyni (m.1318) et Shahbâz al-Qalandar (m.1324), la Naqshbandiyya, fondée par Bahâ' al-dîn Naqshband (m.1389) ; les Khamriiyât (poètes exaltant le vin mystique, le mot khamriyyât signifie « vin ») comme Abû Madyân Shu'ayb (m.1198), Ibn al-Fârid (m.1235), Abû al-Hasan Shushtari (m.1269).

Omen nominis : expression de Cicéron (Pro Aemilio Scauro, 30), souvent résumé par la formule nomen omen, « le nom est présage ». Cratyle, dans le dialogue de Platon ainsi intitulé, soutient que les noms sont tirés de la nature des choses, qu'il y a un rapport direct entre le nom et ce qu'il désigne. Hermogène, lui, n'y voit qu'une convention, quelque chose d'arbitraire. Cette volonté d'interpréter les noms, les mots, de leur trouver un etumos logos, un « vrai sens », parcourut tout le Moyen Âge et fut illustrée par Isidore de Séville (vers 560-636). Le sens du mot, du nom expliquerait le caractère, la vie, l'action, de celui qui le porte et pourrait influer sur le cours de son existence. Dans la Légende dorée, Jacques de Voragine fait précéder la vie des saints qu'il raconte par une rubrique expliquant en quoi le nom du saint est « signifiant ». Voici comme exemple ce qui concerne saint Fabien : « Fabien, comme on dirait fabriquant la béatitude suprême, c'est-à-dire se l'acquérant à un triple droit d'adoption, de droit et de combat ».

Les peuples anciens n'ont pas connu quelque chose d'équivalent à notre nom patronymique. La personne était souvent désignée par un nom individuel ayant une signification symbolique. En Grèce, on y adjoignit le nom du père. Rome inventa un nom légal, composé de trois parties : le praenomen, désignant l'individu, le nomen gentilicus, désignant la gens, c'est-à-dire la lignée dont il était issu, le cognomen, ou surnom, indiquant la branche de la gens dont il faisait partie. De plus, les sobriquets n'étaient pas rares : Glaber, « chauve » ; Cato, « le maussade » ; Rufus, « le roux » ; Claudius, « le boiteux » ; Brutus, « le stupide » ; Cicero, « le pois chiche » ; Varus, « le pustuleux, le cagneux ; Nasica, « le long nez », etc.

Donner un prénom est un acte magique, permettant de place un enfant sous l'égide d'un saint patron.

Samâ' : mot arabe qui signifie « concert spirituel ». La création est le résultat d'un samâ' primordial où fut prononcé le kun, c'est-à-dire » « sois ! », mot par lequel tout fut. L'association des trois termes samâ'- vajd – vajud apparaît pour la première fois chez le mystique Hojviri et dans un ouvrage du début du XIe siècle, le Sharh-e Ta'arrof, qui cite l'opinion des différents groupes sur l'origine du samâ'. Cette idée a été analysée et développée par Ibn ‘Arabi : l'existence réelle du soufi (vajud) en Dieu, est obtenue grâce à l'extase (vajd) suscitée par le concert spirituel (samâ'). Cela est aussi vrai dans le sens de la « remontée » du mystique vers Dieu que dans le sens de la « descente » dans l'existence matérielle. : le samâ' est alors la Parole créatrice « sois ! ». Samâ' est le plaisir de la Parole créatrice (kun), toute première joie qui soit parvenue aux choses, qui est à l'origine du concert spirituel. Quant au sema, c'est la danse sacrée des derviches tourneurs. Cette danse s'exécute dans le semahane (salle de danse). Le derviche est vêtu d'une longue tunique blanche, couleur du deuil pour la mort, et d'une toque cylindrique en poil de chameau, symbole de la pierre tombale. La main droite levée vers le ciel, il recueille la grâce divine qu'il transmet à la terre par la main gauche tournée vers le sol. Il pivote sur le pied gauche en traçant un cercle sur la piste pour parvenir à l'extase qui lui permettra de s'unir à Dieu. La danse est don et prière, un dépassement de soi qui mène à l'union suprême avec Dieu. Elle produit la rotation des planètes autour de soleil. Le cercle est également le symbole de la Loi religieuse qui embrasse la communauté musulmane toute entière et ses rayons symbolisent les chemins menant au centre où se trouve la vérité suprême, le dieu unique qui est l'essence même de l'Islam.

Kowthar : rivière, qui coule au Paradis. La sourate 108 du Coran porte le titre de Al-Kowthar , « l'Abondance » :

Sourate 108 :

« Al-Kowthar (L'Abondance)

Au nom d'Allah, le tout Miséricordieux, le très Miséricordieux

Nous t'avons certes, accordé l'Abondance,
Accomplis la Salât (le prière) pour ton Seigneur et sacrifie.
Celui qui te hait sera certes, sans postérité. »

La Nuit de l'Ascension du Prophète : le voyage nocturne est le voyage terrestre de La Mecque à Jérusalem, de la Mosquée Sacrée vers la Mosquée Al-Aqsâ. Il s'agit d'un voyage terrestre qui eut lieu de nuit. L'Ascension, quant à elle, est un voyage de la Terre vers le Ciel, de Jérusalem vers les cieux les plus élevés, vers un point auquel nul homme n'avait auparavant jamais accédé, vers le Jujubier de la Limite (sidrat al-muntahâ), vers un endroit que Seul Dieu connaît.

La Nuit du Destin (la Nuit de Al-Qadr) : littéralement « Nuit de La Puissance » ou du « Destin », c'est une nuit durant laquelle le Coran est descendu dans l'âme du Prophète. Le Coran, à l'instar des autres livres, fut révélé pendant le mois de Ramadhan, pour la première fois, une nuit de l'an 610 de l'ère chrétienne. Cette période est considérée comme particulièrement sacrée, car c'est là que l'Archange Gabriel (Gibril) s'est adressé pour la première fois au Prophète Muhammad.

La Nuit de ‘Arafat ou ‘Arafa : le mot arabe ‘arafat signifie « rencontre ». ‘Arafat est un lieu-dit du Hijaz, rendu célèbre par les cérémonies du Pèlerinage (hajj), qui désigne à la fois, à l'extérieur du Haram de la Mecque, une plaine située à une vingtaine de kilomètres à l'est de la ville ainsi que les hauteurs montagneuses qui la dominent. Parmi ces hauteurs, une petite colline isolée, le mont de la Miséricorde (jabal al-Rahma), se signale par les aménagements anciens, large escalier de pierre marqué par une plate-forme à la soixantième marche et minaret couronnant le sommet, qui sont toujours utilisés pour haranguer les pèlerins et qui jouaient, au Moyen Âge, un rôle similaire. A chaque Pèlerinage annuel, c'est le 9 dhû l-hijja, le douzième mois de l'année lunaire musulmane, Jour de ‘Arafa, que s'anime ce lieu normalement désolé, peuplé alors par des foules de pèlerins venus y planter leur tente pour la « station debout » (wuqûf), qui s'y tient pendant l'après-midi jusqu'au coucher du soleil. Des acclamations religieuses, notamment des talbiya, y ponctuent les diverses Prières et accompagnent l'audition des solennelles khutba prononcé par le cadi de La Mecque.

Dans ce lieu, selon la tradition, Adam (Adam) et Eve (Hawwâ) se sont retrouvés après que Dieu les avait chassés du Paradis. C'est là aussi qu'Abraham (Ibrâhîm) s'était apprêté à immoler son fils premier-né Ismaël (Ismâ'îl), lorsque Gabriel (Jibrîl) lui apporta l'agneau du sacrifice en récompense de son infinie dévotion. C'est sur le mont ‘Arafat que le Prophète Mahomet prononça son dernier sermon ou son « discours de l'adieu ». A propos de ce jour, il avait dit ces mots mémorables : "Nul jour ne comporte plus d'affranchissements du feu de l'enfer que le jour de ‘Arafat ».
Al-hajj est le titre de la sourate XXII du Coran.
Ô Soma, ô Haoma : les mots Soma et Haoma apparaissent respectivement dans les Rigveda (religion hindouiste) et l'Avesta (religion zoroastrienne). Ils désignent tous deux une boisson enivrante à usage sacrificiel obtenue par pressurage et fabriquée à partir d'une plante désignée dans les textes de référence sous le même nom. La racine est indo-iranienne et désigne littéralement le suc, le jus pressé, qui se retrouve dans le sanskrit soma (jus obtenu par pressurage de la plante soma, breuvage sacrificiel), dans le vieux perse hauma (plante et suc de sacrifice) et dans l'avestique haoma (breuvage du culte). La racine se retrouve d'ailleurs à Crète minoenne sous la forme heme, pour jus ou liqueur, mais sans association particulière au culte. Plantes, symboles de l'ivresse mystique.

Les soufis chantres de l'Amour : Owhad al-dîn Marâghe'i ( ?) , auteur de Manteq al''oshshâq (« Le langage des amants »), Homâm al-dîn Tabrizi (m.1314),auteur de Sohbat-nâme (« Livre de la conversation »), Rokn al-dîn Sâ'in Semnâni (m.1363), auteur de Tohfat al''oshshâq (« Le présent des amants »), ‘Obeyd Zakâni (m.1370), auteur de ‘Oshshaq-nâme (« Livre des amants »), Ebn ‘Emâd Khorasâni (m.1397), auteur de Rowzat al-mohebbin (« Le jardin paradisiaque des amoureux »), Ebn Nasuh (m.1390), auteur de Mahhabbat-nâme (« Livre de l'amour »).

Saint Ephrem de Nisibe (306-373) : Docteur de l'Eglise, théologien, auteur prolifique d'hymnes en langue syriaque. Si populaires étaient ses œuvres qu'on allait jusqu'à les lire à l'office au titre d'écritures inspirées, comme on le fit un certain temps pour le Pasteur d'Hermas (IIe siècle), le frère de l'évêque de Rome Pie Ier, 10e pape et les Épîtres de Clément Romain (Ier siècle), quatrième pape, et que durant des siècles après sa mort, des auteurs chrétiens rédigèrent sous son nom des centaines d'ouvrages pseudépigraphiques. Les écrits d'Éphrem témoignent d'une expression de la foi chrétienne encore primitive, mais vibrante, peu influencée par les modes de pensée européens et plus enracinée dans les façons de parler de l'Orient.

Haoma, selon la mythologie de l'ancien Iran, était le Seigneur des plantes médicinales. Il avait le pouvoir de conférer l'immortalité, et l'on disait qu'il était le fils d'Ahura Mazda, le dieu suprême et principe du bien.

Je suis le buveur, le vin
Et l'Echanson : vers du célèbre soufi Abû Yazid al-Bastâmi (m.877)

Uways al-Qarâni (voir note ci-dessus).

Mahabba : mot arabe qui désigne l'amitié entre Dieu et l'homme.


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